C'était

Mardi 29 et Mercredi 30 novembre 2011

Théâtre Gérard Philipe - Orléans-La Source - 20h30

photo ataojmc
photo ataojmc

FIN DE PARTIE

de Samuel BECKETT - mise en scène de Yvan BLANLOEIL


avec Gilbert Tiberghein, Yvan Blanloeil, Philippe Rouyer, Karina Ketz.

Compagnie Intérieur Nuit

 

Durée : 1h 30 - Placement libre

photo P. Planchenaud
photo P. Planchenaud

"On va pouvoir m'enterrer, on ne me verra plus à la surface. D'ici là, je vais me raconter des histoires, si je peux."

S. Beckett (1950)


Il se raconta des histoires jusqu'au 22 décembre 1989, puis cessa, comme prévu. Il raconta ses histoires, et celles de certains autres, pour lui seul, donc pour nous. Entre autres passe-temps, il inventa le théâtre du XXème siècle.

 

En attendant Godot (1952), Fin de partie (1957), Oh les beaux jours (1969) sont aujourd'hui des classiques au même titre que Tartuffe ou Hamlet. Les classiques montrent avec insistance la vérité pour nous faire passer le goût du mensonge. C'est pourquoi, on ne cesse de les ressortir aux moments importants.

 

Selon des sources généralement bien informées, le XXème siècle a terminé sa carrière en 1989 avec la fin de la guerre froide. Selon d'autres, sa fin conciderait avec celle de Beckett. En 1957, Beckett assistait comme tout le monde au spectacle de la guerre froide et posait une intéressante question: Allons-nous finir une fois pour toutes avec tout? Aujourd'hui, nous savons que pour atteindre cet objectif de destruction massive, aucun effort particulier n'est plus nécessaire. Les processus qui nous environnent (évolutions climatiques, ruines des solidarités...) se chargent de la besogne. Il suffit d'étouffer toute tentative de lucidité.

 

Cela dit, on peut tout à fait en rire. "Rien de plus drôle que le malheur..."

 

Comme on ne peut pas mettre le monde entier sur la scène, Beckett concentre l'humanité en quatre personnages:

 

Clov, exécutant perpétuel à l'imparable logique, aux obsessions inefficaces et à la lucidité désarmante.


Hamm, maître pathétique, infirme cloué dans son fauteuil, gardien de la culture restante, digne dans l'adversité.


Nagg et Nell, père et mère pas assez morts pour mériter la tombe, ils attestent l'existence d'un passé. Mais leurs souvenirs s'égarent...

 

Règle première: le genre humain ayant été largement éliminé, le dernier qui meurt a perdu. Impossible donc de tuer l'autre. Occupons le temps en faisant les zigotos dans un bunker, entre poubelles et meurtrières.

 

On l'aura compris, le parti pris de la compagnie "Intérieur Nuit", c'est d'exploiter l'humour laconique, pince sans rire et grinçant de Beckett: "Veux-tu que nous pouffions un bon coup ensemble?"

 

Un monde finit, dit-on, un autre commence. Selon certaines mauvaises langues, ce serait la même farce qui continuerait sous un masque tout neuf...